Mazères-Lezons, Le 01 mai 2020


Quelles mobilités pour l’après-confinement ?
Les objectifs de distanciation physique en période de confinement provoquent des ajustements des usages de l’espace public : files d’attente devant des magasins, piétons marchant sur des chaussées sans trafic, promiscuité gênée à l’attente de feu vert piéton… Pour anticiper la phase de déconfinement et la reprise des activités, de nouvelles pistes doivent être explorées pour réorganiser l’espace public en tenant compte des impératifs de distanciation physique, pour relever le défi d’un égal accès à la mobilité et afin d’éviter que le déconfinement ne soit synonyme d’une hausse massive de la pollution de l’air. Les atouts du vélo et plus largement des modes actifs pour relever le défi des transports sont
indiscutables. Pendant les mois de transition qui nous attendent, ces différents types de déplacements permettent :
– d’assurer une distanciation sociale, s’ils sont utilisables sur des voies larges, continues et sécurisées ;
– de maintenir une activité physique modérée qui permet de se prémunir de maladies chroniques qui sont facteurs de comorbidités en cas d’agression virale (recommandation de l’ANSES) ;
– de limiter la pollution de l’air localement, dont les impacts sur le système respiratoire offrent un terreau plus favorable au développement de pneumopathies ;
– de s’engager dans une transition énergétique indispensable pour préparer l’autre crise à venir, celle du réchauffement climatique.

Le 30 avril 2020, le ministère de la transition écologique et solidaire a annoncé la création d’un fond de 20 millions d’euros pour faciliter la pratique du vélo pour les trajets quotidiens à l’amorce du déconfinement. D’après Élisabeth Borne, ce fond permettra de prendre « en charge des réparations, l’installation de places de stationnement ou encore des formations ».
Pour encourager les collectivités dans cette démarche, le ministère leur propose un soutien technique et la dispense d’autorisations préalables pour la mise en place de pistes cyclables et d’aménagements piétons temporaires, « notamment des Architectes des bâtiments de France ». « Le fonds de dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) est mobilisé par les préfets pour cofinancer des pistes cyclables temporaires au cas par cas avec les collectivités territoriales qui ne disposeraient pas de ressources suffisantes », précise le ministère.
Le gouvernement invite aussi à maintenir « les voies vertes accessibles lorsque les conditions d’ouverture pour les cyclistes y sont remplies ». Aujourd’hui nous pouvons le constater, un appel est lancé pour opérer un changement de nos modes de transports, et ce depuis les usagers qui demandent des conditions de déplacement sûres pour le déconfinement (pétition engagée par des usagers à l’échelle de l’agglomération de Pau afin de garantir des conditions de déplacement sûres pour le déconfinement) jusqu’au gouvernement, en passant par les villes et agglomérations (parmi lesquelles Nantes, Lyon, Paris, Montpellier, Grenoble, Lille, Montreuil en France, Bogota, New York, Berlin, Oakland à l’étranger…) qui repensent et redessinent les aménagements cyclables et piétons afin de sécuriser tous les modes de déplacements. Pendant ces dernières semaines de confinement, la très forte baisse du flux motorisé peut
 être l’occasion de tester des modifications du plan de circulation pour libérer de l’espace, ou d’accélérer des opérations déjà programmées. Par exemple, la municipalité d’Oakland a décidé d’interdire, à partir du 11 avril 2020, 120 km de voirie au trafic motorisé non résidentiel pour encourager la distanciation physique entre les usagers et conserver la possibilité pour les citoyens d’avoir une activité physique, les parcs publics étant soit fermés, soit saturés. Cette mesure intervient en anticipation d’une démarche globale d’apaisement de la circulation déjà programmée.
Le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a mis à disposition des collectivités de nombreux exemple d’aménagements temporaires cyclistes et piétons afin d’encourager et de sécuriser les modes de déplacements actifs. En voici quelques exemples qui pourraient s’appliquer à notre village de Mazères-Lezons : En effet, un certain nombre d’usagers des transports publics choisiront la marche ou le vélo et la mise en place de pistes cyclables, temporaires et sécurisées, offre une réponse adaptée aux déplacements à vélo des travailleurs, mais aussi des enfants qui devront se rendre à l’école. À ce titre, la configuration actuelle de l’avenue du général de Gaulle oblige les piétons à marcher sur la chaussée pour éviter de se croiser de trop près. Les voies vertes étant fermées c’est aussi un axe de report pour les cyclistes du quotidien. Les axes routiers moins fréquentés qu’en temps normal, sont de plus sujets à des excès de vitesse automobiles plus fréquents, ce qui augmente encore la dangerosité pour les cyclistes et piétons. L’avenue du général de Gaulle n’en constitue pas moins une véritable artère pour le village, permettant d’accéder pour une partie des habitant.es à la mairie, aux commerces, aux professions de
soin, à l’école, la bibliothèque, la poste et le centre social. Il pourrait être judicieux de ne pas attendre le début des travaux engagés par la municipalité actuelle pour dès à présent par des aménagements temporaires ralentir le trafic et libérer de l’espace pour piétons et cyclistes en matérialisant les contours du futur aménagement. Et pourquoi pas se saisir de cette conjoncture pour tester des aménagements plus audacieux, comme la mise en sens unique de l’avenue qui permettrait de vraiment créer de l’espace pour les modes de déplacements actifs. Cette période difficile doit nous permettre de réfléchir à nos usages des espaces publics, nos déplacements et nos modes de vie. Il serait intéressant d’en faire un levier pour un urbanisme plus doux, respectueux de tous les modes de transport. Voici listées quelques idées, réflexions ou actions qui nous paraissent réalisables à l’échelle de notre village sur le volet des mobilités. Bien sûr, tant d’autres restent à imaginer et une concertation plus large des habitants et habitantes ferait certainement germer des idées originales et pratiques pour améliorer notre quotidien !
– Services de livraison / courses / récupération de colis à vélo pour les personnes peu mobiles ou à risques
– Piétonnisation des abords de l’école avec la fermeture ponctuelle aux heures de dépose /  sortie de la rue Jules Ferry. Encourager les familles à utiliser la marche ou le vélo avec les enfants pour les trajets de l’école, quand cela est possible
– Mise en place d’aménagements temporaires sur l’avenue du général de Gaulle et dans les artères traversantes qui desservent les quartiers (élargissements temporaires des trottoirs, pistes cyclables temporaires et sécurisées, limitation des vitesses pour une meilleure cohabitation de tous)
– Engager un politique volontaire en faveur du vélo (aide à l’achat, offres de location de vélo, mise en place de vélo-rues, sécurisations des trajets, mise aux normes et multiplication des abris sécurisés pour stationner les vélos)
– Faire venir des associations aidant à la réparation de vélo ayant un atelier mobile (comme par exemple l’atelier participatif et solidaire qui intervient à Pau et son agglomération)
– Mise en place d’un service de transports à la demande de porte à porte pour les personnes de plus de 75 ans pour les déplacements de 1re nécessité (service gratuit pouvant être limité à un certain nombre de fois par semaine)
Dans l’attente de voir émerger à Mazères-Lezons des solutions innovantes et solidaires pour s’engager avec sérénité dans l’après-confinement, un dernier point devrait engager des actions de la municipalité. En effet, certaines entreprises maintiennent une activité sur leur site, des personnels soignants et des professions critiques sont toujours à pied d’oeuvre et donc les trajets entre le domicile et les différents lieux d’activité sont toujours d’actualité.
À cause de la crise, les transports en commun sont drastiquement réduits et de nombreuses continuités cyclables ont été interrompues par arrêté préfectoral. Le plus souvent pour éviter qu’elles ne deviennent des lieux de rassemblement. La fermeture des voies vertes et de la passerelle entre Mazères et Bizanos oblige les cyclistes qui se rendent à vélo sur leur lieu de travail à emprunter les mêmes voies que les voitures, parfois même la rocade ce qui engendre des situations accidentogènes. La réouverture des voies vertes pour un usage non récréatif est aujourd’hui incitée par le gouvernement et certaines agglomérations ou départements l’ont déjà actée. Aussi il nous paraît très important en tant que municipalité de plaider auprès de l’agglomération et de la préfecture pour l’autorisation de la circulation sur les voies vertes pour raisons professionnelles ou impérieuses.

Sources : Cerema, nombreux et divers articles de presse (Le Monde, FUB, Rue de l’avenir, Publications de Pau à vélo…)
Sur le plan vélo gouvernemental du 30/04/2020 :
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/30/un-plan-gouvernemental-de-20-millions-d-euros-pour encourager-lapratique-du-velo-au-deconfinement_6038198_3244.html
Sur l’urbanisme tactique : https://theconversation.com/sinspirer-de-lurbanisme-tactique-pour-adapter-les-villes-a-la-distanciation-sociale-136642
https://www.ruedelavenir.com/actualites/des-lendemains-qui-chantent-ou-qui-dechantent/
Sur les aménagements piétons :
https://www.cerema.fr/fr/actualites/quels-amenagements-pietons-lors-phase-deconfinement-0
https://www.linkedin.com/pulse/d%25C3%25A9confinement-covid-19-place-aux-pi%25C3%25A9tons-christian machu/
Sur les aménagements cyclistes :
https://www.cerema.fr/fr/actualites/amenagements-cyclables-temporaires-confinement-quelles
Sur initiatives de mobilités pendant la période de crise liée au Covid-19 :
https://www.francemobilites.fr/initiatives

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